Le BRF, c’est quoi exactement ?
Si vous avez un jardin, vous avez probablement déjà entendu parler du BRF – Bois Raméal Fragmenté. Derrière ce nom un peu barbare se cache une technique aussi simple qu’ingénieuse : recycler les jeunes rameaux fraîchement taillés d’arbres feuillus en les broyant, puis en les incorporant au sol ou au compost.
Mais attention, on ne parle pas ici de grosses branches ou de vieux troncs ! Le BRF concerne les parties tendres de l’arbre : les jeunes rameaux (de moins de 7 cm de diamètre), bourrés d’éléments nutritifs et surtout de lignine. Et la lignine, c’est le buffet à volonté des champignons et micro-organismes du sol. Le résultat ? Une vie microbienne intense et un terreau de première classe.
Pourquoi utiliser du BRF dans son compost ?
À première vue, le BRF semble un peu trop ligneux pour le compost. Et c’est vrai : utilisé seul, il prendrait un temps fou à se décomposer. Mais bien intégré, il offre des avantages considérables :
- Il équilibre le rapport carbone/azote : Le BRF est riche en carbone, parfait pour contrebalancer les déchets de cuisine azotés.
- Il aère le compost : Ses morceaux fibreux structurent le tas, évitant le compactage et favorisant une bonne circulation de l’air.
- Il retient l’humidité : Un compost humide mais pas détrempé, c’est idéal pour nos amis les décomposeurs.
- Il booste l’activité fongique : Et les champignons, ce sont les rois de la décomposition du bois !
En somme, le BRF peut transformer un compost un peu paresseux en un moteur à humus bien rôdé. Mais pour cela, quelques règles sont à connaître.
Comment préparer le BRF pour le compost ?
Première étape : produire ou récupérer du BRF de qualité. Vous pouvez vous servir des tailles de vos haies, arbres fruitiers, ou arbustes. Si vous êtes citadin sans jardin, pas de panique : certaines déchetteries ou plateformes de broyage municipales proposent du BRF gratuit.
Ensuite :
- Broyez finement les rameaux : Utilisez un broyeur (à couteaux ou rotor) pour obtenir une texture homogène de 1 à 3 cm. Si vous les laissez trop gros, ils mettront trop de temps à se composter.
- Utilisez rapidement après broyage : Plus c’est frais, mieux c’est ! C’est là que le BRF est le plus nutritif, notamment en lignine et en sucre.
- Évitez les bois résineux à haute dose : Thuyas, pins ou cèdres peuvent acidifier le compost. Une petite quantité passe, mais mieux vaut privilégier les feuillus (noisetiers, charmes, érables…).
Une fois votre BRF prêt, passons à la pratique !
Les techniques pour intégrer le BRF dans le compost
En mélange structurant
Le plus simple, c’est de l’ajouter comme matière sèche dans votre composteur, au même titre que les feuilles mortes ou la paille.
Voici comment faire :
- Pour chaque apport de déchets verts (épluchures, marc de café, herbe fraîche…), ajoutez une couche équivalente de BRF.
- Mélangez bien pour éviter la fermentation et favoriser une bonne aération.
- Surveillez l’humidité. Si le compost devient trop sec à cause d’un excès de BRF, arrosez légèrement.
En lasagne (technique du compost en couche)
Vous connaissez les lasagnes au jardin ? Le BRF y est l’un des ingrédients clés ! Voici une version enrichie :
- Commencez par une couche de BRF d’environ 5 cm.
- Puis ajoutez une couche de déchets de cuisine ou d’herbe fraîche (azote).
- Ajoutez une poignée de compost mûr (les micro-organismes vous diront merci !).
- Répétez l’opération en alternant les couches jusqu’à 1 mètre de hauteur.
- Couvrez enfin avec des feuilles mortes ou un voile de jute pour garder l’humidité.
Petit bonus : cette technique accélère la montée en température, synonyme de décomposition rapide et de destruction des graines indésirables.
Compost en andain (compostage à plus grande échelle)
Vous avez un grand jardin ou un petit terrain ? Le compost en andain, ou tas allongé, peut être une option. Le BRF y joue un rôle de structurant majeur :
- Formez un long tas avec 60 à 70 % de matière verte (tontes, restes de légumes) et 30 à 40 % de BRF en volume.
- Retournez les andains environ toutes les deux semaines pour favoriser l’oxygénation.
- La température peut atteindre 60°C : parfait pour une décomposition rapide.
C’est la méthode que j’utilise dans mon propre potager, et croyez-moi, c’est ultra efficace. Mon compost est prêt en 3 à 4 mois, et les plantes me remercient chaque saison.
Combien de temps pour obtenir un compost mûr avec du BRF ?
Patience est mère de compost, surtout quand le bois est de la partie ! À cause de la lignine, le BRF ralentit un peu le processus. Mais, bonne nouvelle, cela permet aussi une libération plus durable des nutriments dans le sol.
Globalement :
- Compost classique avec BRF : entre 6 à 9 mois selon les conditions (température, matière, humidité, aération).
- Compost “à chaud” bien équilibré : possible en 3 à 4 mois.
- Compost de surface ou lasagnes laissées sur place : transformation graduelle en humus pendant 1 an. Idéal pour les feignants assumés !
Un bon indicateur ? L’absence d’odeur, une texture homogène, et la disparition des morceaux de bois visibles. Si votre compost ressemble à une belle terre noire et friable, vous pouvez l’utiliser sans crainte.
Petites erreurs à éviter avec le BRF
On s’emballe vite avec de nouveaux outils écologiques, mais quelques pièges sont à éviter :
- Utiliser du BRF seul en compost : trop sec, trop pauvre en azote. À bannir.
- Laisser le BRF sécher trop longtemps : il perd ses sucres solubles, essentiels aux champignons.
- Surdoser le BRF : comme pour le chocolat, c’est bon avec modération. Une trop grande quantité déséquilibre le tas.
- Ignorer le besoin d’eau : le bois peut absorber l’humidité du compost. Pensez à vérifier régulièrement et à arroser si besoin.
Mais honnêtement, avec un peu d’observation et de curiosité, on apprend vite à ajuster les bons dosages.
Le BRF au jardin : au-delà du compost
Petit aparté pour les jardiniers malins : le BRF peut aussi être utilisé directement en paillage. Étalez-le sur vos massifs ou potagers, et vous bénéficierez :
- d’un sol qui se régénère naturellement,
- d’une réduction des arrosages (le bois retient l’humidité comme une éponge),
- d’un refuge pour les vers de terre et autres alliés du sol.
Et qui sait ? Peut-être que l’année suivante, là où vous étiez censé arracher des mauvaises herbes, vous récolterez des tomates éclatantes.
Alors, prêt(e) à composter en mode BRF ?
Intégrer le BRF dans son compost, c’est un peu comme ajouter une cuillère d’épices dans un plat : ça change tout ! Avec un peu de pratique et d’enthousiasme (et je sais que vous n’en manquez pas si vous me lisez), vous verrez vite les résultats dans votre jardin.
Et comme toujours, n’hésitez pas à expérimenter, à ajuster, à sortir des sentiers battus. Les micro-organismes du compost aiment l’aventure autant que vous !
Si vous avez déjà testé le BRF dans votre compost, partagez vos retours en commentaire – Eline adore lire vos anecdotes (et piquer vos bonnes idées) !